La fruitière est une fromagerie ou les éleveurs de vaches viennent apporter leur lait (le fruit de leur travail) pour le faire transformer en fromage, la meilleure façon qui ai été trouvée pour conserver le lait tout en gardant ses qualités nutritives. Le fruit commun est aussi le nom donné au groupement des éleveurs qui exploitaient les alpages majoritairement communaux en Tarentaise (ce n'était pas le cas en Beaufortain où dominait la montagne privée).
Pendant les années 1925-30, la fruitière de Cevins a fonctionné dans le sous-sol de la maison située au dessus de la Gentillomière à la Roche.
Le bâtiment actuel date du début des années 1930. La cave servait à stocker et affiner les fromages. Le rez de chaussée avec deux énormes chaudrons permettait de fabriquer les fromages mais aussi le beurre. L'étage était réservé au fruitier.
Pendant toute l'année sauf en été, pendant les mois d'alpage, les éleveurs amenaient chaque matin et chaque soir, leur production laitière qui était pesée et inscrite sur un registre. En échange, ils recevaient du fromage au prorata du volume de lait apporté.
Le soir, vers 18h, la fruitière, outre les producteurs de lait, était un lieu de rendez-vous de la jeunesse de la commune. Rencontres vivantes et parfois bruyantes.
La fruitière a du cesser son activité après la guerre de 1939-45 du fait de la diminution du nombre de bovins. Les familles ayant par obligation, plus ou moins délaissé la terre pour aller travailler à l'usine.
Le logement du bâtiment fut attribué aux gardes forestiers successifs, la commune étant tenue de loger ces fonctionnaires. Le rez de chaussée par la suite fut aménagé en local social dans lequel une assistante sociale, Mlle Carret, tenait des permanences pour les femmes enceintes, les nouveaux nés et les vaccinations.
Ce service ayant été supprimé, ce local servit provisoirement de logement à la secrétaire de Mairie et permit, en 1982 , l'installation du docteur Délio PEREZ qui débutait sa carrière de médecin. Enfin, le sous sol fut occupé pendant quelques années par la batterie Fanfare pour ses répétitions hebdomadaires.
Merci à Marcel ROCHAIX, ancien maire de Cevins, pour l'écriture de cet article.
L’ancienne Fruitière est aujourd’hui divisée en deux appartements de 76 m² et 55m² que la commune loue à des particuliers.
Ce bâtiment communal a fait l’objet d’une rénovation thermique globale en 2023 afin de permettre un gain énergétique important.
Tout d’abord, les menuiseries ont été changées (pose de fenêtres PVC double vitrage et nouvelles portes d’entrée) et des volets roulants ont remplacé les anciens volets battants.
Ensuite, l’isolation des façades a été réalisée avec des panneaux en fibre de bois. Les plafonds du garage et de la cave ont également fait l’objet d’une isolation thermique.
Enfin, une pompe à chaleur air/eau a supplanté la chaudière au fioul.
Cette opération de rénovation énergétique a bénéficié des participations financières du Syndicat Départemental d'Énergie de la Savoie (SDES) et de l’Etat (« Fonds vert - France Nation Verte »).
Le bâtiment qui jouxte l’église et que les Cevinois appellent encore le presbytère n’a pas toujours été un presbytère et ne l’est d’ailleurs plus aujourd’hui.
Cette bâtisse est l’une des plus ancienne de Cevins car sa construction d’origine, agrandie et modifiée au fil du temps date d’avant 1490.
Elle était située sur la voie romaine puis la voie sarde qui montait vers Bornand et La Creuse, elle était un modeste lieu d’accueil (une pièce pour le logement, une écurie pour le cheval), pour les pélerins et autres voyageurs. C’était sans doute également une halte sur la route du château de Chantemerle.
En 1794 elle servit de prison pour quelques personnes dont Vincent Guméry, prêtre réfractaire, qui y fera plusieurs séjours jusqu’en 1798. Ce bâtiment est ensuite vendu par l’administration à des particuliers, racheté par le même Vincent Guméry en 1810 qui le donnera par testament à la commune de Cevins en 1811.
C’est seulement lors de la construction de l’église en 1687 qu’il devient presbytère donc logement pour les prêtres. La bâtisse est alors agrandie du double dans sa largeur côté route. Elle devient local pour le catéchisme, sert d’école et même de mairie.
Dans un placard en plâtre est conservé le précieux plan cadastral de la commune qu’on a très longtemps désigné sous le nom de « mappe ». Cette bâtisse fera l’objet de nombreuses discussions et de désaccords.
L’école ferme ses portes et le bâtiment est rendu à l’archevêché qui lui donne sa fonction de presbytère. Une cinquantaine de prêtres y ont séjourné et l’un d’entre eux y demeura 43 ans.
Comme nos fours banals ou notre fruitière la place devant le presbytère était un lieu de convivialité. Tous les dimanches jusqu’en 1945 le tambour afficheur donnait à haute voix lecture des décisions communales. Il montait sur un bloc de pierre de 1m de haut et les enfants se tenaient au premier rang. « La Léonie », servante de la communauté des cinq prêtres résidents, n’était pas la dernière pour animer les discussions surcette place.
L’élargissement de la place se fit au détriment d’une partie du patio du presbytère ceinturé d’un haut mur et où les curés successifs firent leur vin à partir de Noah blanc et de clinton. Le vin de messe venait de l’extérieur.
Au départ du dernier prêtre résident en 2002 le bâtiment est vendu à un particulier par décision unanime du conseil municipal.
Marc POINTET
En 1763 la communauté paroissiale construit à ses frais une première école pour une centaine de garçons et filles sur un terrain qui appartient au Seigneur de Cevins. Elle fonctionnera jusqu'en 1794. A cette date la communauté sera dépossédée de ce bâtiment qui sera vendu par le propriétaire du château, Jean Baptiste Carelli, représentant du gouvernement révolutionnaire.
En 1830, suite à des désaccords avec l’école du Presbytère, la Commune crée sa première école tout près du Chemin des écoles (sur la cantine scolaire actuelle), école de garçons et de filles avec logement de fonction. Elle subsistera jusqu'à la création de notre Groupe scolaire en 1962. Les plus anciens des Cevinois se souviennent encore des Hussards noirs (instituteurs) de la République, au féminin et au masculin, qui marquèrent alors l’histoire du village. Une Mairie est alors construite en face du pigeonnier du Château (qui donne le nom cadastral du lieu : Le Colombier ). Une cloche est installée sur cette Mairie. Elle sera appelée « La Prussienne » car elle aurait sonné le tocsin lors du début de la guerre de 1870 et l’invasion de la France par la Prusse.
Après la construction de la Mairie une autre école de 54 places de garçons à l’origine est construite à ses côtés, perpétuant le binôme cher au XIX siècle Mairie-Ecole. Des travaux entrepris en 1962 donnent un nouveau visage, celui que nous connaissons aujourd'hui, à ces constructions emblématiques.
Depuis la fruitière jusqu’aux écoles la Mairie acquiert des terrains pour le stationnement Ecoles -Mairie. A la place du vieux pigeonnier démoli est installé le Monument aux Morts. Celui-ci est érigé en 1922 après la Guerre de 1914-18 qui marqua notre village comme toute la France.
Il était installé auparavant au bord de la route, à mi-chemin entre La Roche et l'Eglise. Aujourd'hui sur Internet on peut trouver l’histoire de chacun de nos 32 soldats morts en 14-18 dont les noms figurent sur le Monument.
On retrouve également tous ces éléments aux archives départementales dans une publication « Familles dans la tourmente » réalisée pour le 70eme anniversaire de la guerre de 14-18.
Marc POINTET
L’église a été construite entre 1687 et 1690. Elle remplace l’ancienne église totalement ensablée lors d'une crue du torrent « La Gruvaz»»en 1686 . Elle était située sur les quartiers des Clos et du Batardin. C’était autrefois le cœur du village. On se servit alors des pierres de cette église pour construire la nouvelle entre deux cônes de déjections pour éviter les crues.
Cet emplacement nouveau fut très controversé en raison de l'humidité des lieux. Il fallut installer des cloches plus grosses pour se faire entendre aux deux bouts du village. On avait même envisagé de la construire au hameau du Chagney situé dans le vignoble.
Une délibération de la Communauté du 15 décembre 1686 précise, en présence de tous les habitants, les engagements de chacun : travail avec les maçons, charroi de pierres depuis l'ancienne église, engagement de payer cette construction notamment grâce à la taxe sur les troupeaux qui pâturent sur les pâturages collectifs de la communauté. De nombreux prêtres et laïcs qui ont servi l'église sont enterrés le long des murs. Pour mémoire on citera le curé Guméry , 1er maître d'école de 1763 à 1793 puis desservant de la paroisse de 1804 à son décès en 1813. Il est enterré devant la porte de son église selon sa volonté ; mais l’église ayant été ultérieurement agrandie, la dépouille se retrouve aujourd'hui à l'intérieur.
En 1838 , Le curé Revet a un rôle important car il agrandit l’église de 7 m avec une nouvelle façade. Celle-ci est d'inspiration néo- classique sarde. Ce style se développe dans les deux Savoie dans la 1ère moitié du XIXeme siècle. Il renoue avec l'Antiquité et privilégie l'ordre, la simplicité et la symétrie. Elle s’ornera plus tard d'une scène biblique au fronton. Occultée par un badigeon lors d'une rénovation en 1962, elle vient d'être restaurée en 2017.
En raison de la Loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905 il n'a pas été possible d'installer dans les niches qui entourent la porte d'entrée les statues en bois de Saint Pierre et Saint Paul. On les trouve dans le chœur, elles proviennent sans doute de l'ancienne église.
Le clocher a connu quelques vicissitudes : démoli en 1794 à l’époque de la Révolution, il sera refait en 1838 avec ce modèle à bulbe (en 1811 une quête avait permis de réunir la somme nécessaire à sa reconstruction mais un indélicat I’avait détournée sinon nous aurions un toit pointu comme il l’était auparavant et comme il l’est aujourd'hui à Rognaix, La Bâthie ou Feissons.
Pour les décorations intérieures c’est le peintre ARTARI qui s'en charge en 1877. Il s'agissait d’orner les triangles de la voûte des travées de la grande nef et les murs du chœur avec un semis de croix d'or, mettre une grande croix ornementale au centre de chaque travée et faire les croix de consécration ( d'après le descriptif de 1877).
En 1880 un nouveau toit est posé en ardoises de Cevins. Il sera refait en fibrociment en 1970 et le clocher en 1974. En 1885 on agrandit les tribunes pour la pose de l'harmonium. Dans les années 1990, on refait les peintures grâce aux dons des fidèles et aux subventions du Conseil Général, la commune étant maître d'œuvre. Des bénévoles refont le plancher sur un béton.
En 1998 la commune entreprend des travaux d’assainissement tout autour du bâtiment. Le bulletin communal de 1987 indique que les travaux peuvent se faire en deux tranches pour un total de 367 643,61 Francs TTC. Ceux-ci sont repris en 2017. L’ensemble est consolidé, une partie de la toiture reprise et la façade entièrement restaurée.
Marc POINTET
La Creusaz était, autrefois, l’un des deux passages qui permettait aux voyageurs de franchir le verrou de Cevins dans la vallée de la Tarentaise. (L’autre étant de l’autre coté, à proximité de la station service actuelle).
Dès l’antiquité, la voie romaine qui allait de Milan à Vienne passait ici en longeant la montagne en passant par les villages de Luy de Four, les Cours, la Montaz et Bornand avant de redescendre vers Langon. Ceci pour éviter les crues de l’Isère en aval.
Sur ce passage, se sont vraisemblablement trouvés plusieurs édifices dédiés aux dieux romains puis Chrétien pour protéger les voyageurs.
L’oratoire actuel a été construit en octobre 1817 en réaction aux mauvaises récoltes et à la misère survenue en 1816 dans les villages de la vallée. Il était dédié à Sainte Philomène.
Sa construction a été possible avec les cotisations des villages de Cevins et de Langon.
L'oratoire de Notre Dame d'Heureuse rencontre, dédié à la vierge Marie se trouve à proximité de la station service actuelle. Il était déjà signalé en 1690. Cette vierge protégeait les voyageurs qui empruntaient ce passage périlleux. En effet, l’Isère venait souvent frôler le chemin lors des crues, provoquant de nombreux accidents. Détruit à la révolution, cet oratoire est reconstruit en octobre 1817 par les habitants de la Roche.
SD d'après " Un sanctuaire marial en Tarentaise : Notre Dame des Neiges" de Marius Hudry (cliquez pour télécharger)